Terrain vague
«Rentrer en possession d'un no man's land, d'un "terrain vague", aussi vague et ensauvagé que possible, libre et vide, et cet espace libre et vide et ensauvagé – l'entretenir! Le cultiver.»
(Peter Handke)
«Rentrer en possession d'un no man's land, d'un "terrain vague", aussi vague et ensauvagé que possible, libre et vide, et cet espace libre et vide et ensauvagé – l'entretenir! Le cultiver.»
(Peter Handke)
D’où me vient la tendresse?
J’ai caressé d’autres boucles
Et j’ai connu des lèvres
Plus sombres que les tiennes.
Les étoiles s’allumaient et mouraient
(D’où me vient la tendresse?)
Et les yeux s’allumaient et mouraient
Plongés dans mon regard.
J’ai entendu d’autres chants
Dans la nuit sombre et noire
(D’où me vient la tendresse?) –
La tête sur le cœur du chanteur.
D’où me vient la tendresse?
Et que puis-je en faire, adolescent
Malicieux, chanteur vagabond,
Aux cils plus longs que longs?
(Marina Tsvétaïéva)
Tout me traverse à une vitesse folle, l'essentiel et le plus accessoire, et aucun noyau, aucun point fixe ne peut se former en moi: je ne suis que le lieu d'une série de rencontres intérieures, un passage, et non une maison.
(R. M. Rilke)
(Santillo)
Je ne connaîtrai pas le repos avant d'avoir raconté ma descente au cœur d'une sensualité qui était aussi sombre, aussi magnifique aussi sauvage que mes instants de création mystique étaient éblouissants, extatiques, exaltés.
(Anaïs Nin)
Je suis toujours «pour» quelque chose. La colère est pour moi un poison. J'aime, j'aime, j'aime.
(Anaïs Nin)
L'homme vulgaire veut vivre sans rien donner en retour, mais nous à qui la vie s'est donnée, nous songeons sans cesse à ce que nous pourrions lui offrir en retour.
Et en vérité, voici une nobre parole: «Les promesses que la vie nous a faites, c'est nous qui voulons – pour la vie les tenir!»
Il ne faut pas rechercher le plaisir si l'on n'a pas de plaisir à offrir en retour. Et il ne faut pas, en règle générale, vouloir le plaisir!
Le plaisir et l'innocence sont tout ce qu'il y a de pudique au monde, et il faut se garder de les rechercher. Il faut les avoir.
(F. Nietzsche)
Ce monde étrange que nous habitons est plus merveilleux que pratique, plus beau qu'utile – il doit être davantage admiré et apprécié qu'exploité. L'ordre des choses devrait être plus ou moins inversé: le septième jour devrait être celui du travail, pour que l'homme gagne son pain à la sueur de son front, et les six autres devraient être le sabbat des sentiments et de l'âme, pour parcourir ce vaste jardin et boire aux douces influences et aux sublimes révélations de la Nature.
(H. D. Thoreau)
– Maître, demande un disciple, dis-moi le secret de la vie.
– Je ne peux pas.
–Pourquoi?
– Parce que c'est un secret.
(Koan zen)
La solution du problème que tu vois dans la vie, c’est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème. Que la vie soit problématique, cela veut dire que ta vie ne s’accorde pas à la forme du vivre. Il faut alors que tu changes ta vie, et si elle s’accorde à une telle forme, ce qui fait problème disparaîtra. Mais n’avons-nous pas le sentiment que celui qui ne voit pas là de problème est aveugle à quelque chose d’important? Voire à ce qu’il y a de plus important? […] Ou ne dois-je pas dire que celui qui vit bien ne ressent pas le problème comme quelque chose d’affligeant, et donc non plus comme problématique, mais plutôt comme une joie - quelque chose de semblable à un éther lumineux autour de sa vie, et non à un arrière-plan douteux?
(Ludwig Wittgenstein)
Parfois aussi, des âmes particulièrement douées et délicates voient poindre en elles l'intuition de leur caractère multiple; parfois, comme c'est le cas pour tous les génies, elles brisent l'illusion d'une unité de la personnalité et découvrent en elles de multiples facettes, un agrégat de moi différents.
(H. Hesse)
Très souvent, vous voyez, on se demande pourquoi est-ce qu'on vit comme ça. Pourquoi est-ce qu'on se laisse complétement avoir par les dimanches où on va tous se précipiter dans les magasins, on va profiter des bons de réduction, des promotions. Comment casser ça, comment trouver plus de plaisir à faire la révolution qu'à aller acheter dans les magasins le dimanche ?
(Qrieuse)
En chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas. Il nous parle à travers le rêve et nous fait savoir qu'il nous voit bien différent de ce que nous croyons être.
(C. G. Jung)
De quoi sommes-nous proches? De la mort? De ce qui
n'est pas encore? Que serait glaise à glaise
si, sensible, le dieu ne formait la figure
qui croît entre nous. Comprends donc:
ceci est ma chair qui renaît.
Aide-la doucement à passer
de son ardente tombe
à ce ciel que j'ai en toi…
(R. M. Rilke)
(Santillo)
L’érotisme est la voie la plus puissante qui nous permette d’entrer dans l’instant, de vivre l’instant. Autrement dit, je crois que la plus grande partie de l’activité humaine consiste à faire des choses qui serviront plus tard, tandis que l’érotisme ne débouche sur rien. C’est purement du gaspillage, de la dépense d’énergie pour elle-même, une fièvre où il n’est question que du résultat immédiat, pas du tout du résultat postérieur comme dans le cas où un ouvrier travaille.
(G. Bataille)
Deux routes divergeaient dans un bois, et moi, j'ai pris celle par laquelle on voyage le moins souvent. Et c'est cela qui a tout changé.
(Robert Frost)
J'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté: elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme. Pourtant, on me l'a souvent dit: il n'y a pas de quoi être fier. Si, il y a de quoi: ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l'immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C'est à conquérir cela qu'il me faut appliquer ma force et mes ressources. Tout ici me laisse intact, je n'abandonne rien de moi-même, je ne revêts aucun masque: il me suffit d'apprendre patiemment la difficile science de vivre qui vaut bien tout leur savoir-vivre.
(A. Camus)
Empoigné et secoué sans pitié
ton corps geint implore et divague
dans le haut voltage des vagues
d'agonie que mes lèvres et mes doigts induisent.
Vers quel abîme de toi redouté et doux
s'élance ta chair et s'égare et dévie?
Qu'est-ce qui la déchire, la comble, la défie
et l'agite comme un dieu devenu fou?
Rien sinon la chair ne songe ou pense;
seul plongé dans sa fièvre et son poids
vit le sens et l'aventure immense
que nous appelons esprit, c'est pourquoi
l'anxiété dans laquelle tu t'es ourdie
ne peut se rendre au Vrai sans un cri.
(A. Segovia)
Un vrai bon livre est quelque chose d'aussi naturel, primitif, sauvage, d'aussi mystérieux et merveilleux, d'aussi ambrosiaque, d'aussi prolifique qu'un lichen ou un champignon.
(H. D. Thoreau)
(Santillo)
Tu ne peux connaître ce qui est assez que si tu as d'abord connu ce qui est plus qu'assez.
(William Blake)